Il y quelques années, dans les tréfonds d’une fin de repas familial, repu et encastré dans un fauteuil en cuir, je me retrouvai face à celui qui me donna l’envie d’écrire. Nous parlions de l’avenir, comme à chaque fois. Un avenir que je voyais radieux — mon sens éternel de l’optimisme faisant —, un avenir qu’il voyait incertain — son sens de l’inquiétude quand il s’agissait de moi. Il est vrai qu’il avait de quoi être inquiet !
Oh, je dois bien avouer que j’ai quelque responsabilité dans cette inquiétude chronique.
- Mais que vas-tu faire plus tard ? Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?
- Je ne sais pas ! Écrivain. Oui, c’est ça. Je vais faire fortune et devenir écrivain.
On est con à dix-neuf ans ! Puis, seuls dans ce salon alors que les autres discutaient dans la cuisine éloignée autour d’un verre, il a sorti du bar un vieux malt, un simple, aussi simple et évident que l’était son amour pour moi. Nous avons trinqué. Toutefois, passage obligé par la case promesse : « Un jour tu écriras, sur moi. Sur ma Guerre, sur mon Congo.»
Le temps est venu ! L’écriture s’achève, petit à petit ! C’est encore une fois le principe du roman à clef — comme BrabanCIA que tu aurais aimé ! Mais cette fois-ci, c’est l’histoire de celui par qui l’envie est venue ! Le maître des mots de mon enfance, qui ne fut jamais publié, navrant !
Ta Guerre et ton Congo y ont une bonne place ! Les histoires narrées, je les ai romancées, un peu. Pour le titre, il m’a été soufflé : « La Barza », nom donné aux terrasses où l’on reçoit les invités au Congo, et accessoirement le nom du Parlement de Bukavu — l’ancienne Costermansville.
Saint Val,