De bonnes constitutions, un chouya motivé en ce samedi matin, et un des deux petits Saint Val qui me presse ! « Vieux, on va être en retard pour le Boulevard du polar ». Sur ce, je me dis que ça fait bien beaucoup de « arrhes » pour un début de week-end, mais qu’il est effectivement temps de se taper après une bonne semaine de taf, une séance de teuf-teuf vers la capitale !
Bref, après une séance de pare-chocs contre pare-chocs, nous voilà arrivés au Salon du Polar 2017 in The european town by excellence ! Je passe les détails déjà amoindri par cette saloperie de parking où l’ascenseur est factice (véridique), nous arrivons dans ce que nous croyons être le temple des amoureux du genre ! Nenni, nenni !
En guise d’autel des tables recouvertes d’offrandes livresques et quelques stylos prêts à mordre la première page blanche (celle qui ne contient pas les mentions légales et autres artifices inutiles pour éviter les copies, photocopies, piratage et toute la Sainte Famille flibustière).
« On vide les lieux ? » Me sort le petit qui en fait est le plus grand des deux apprenties vipères. Du haut des ses huit ans, il me snobe : « tu vas venir vendre des BrabanCIA ici ? » Et moi de lui répondre : « pas cette année, tu vois bien qu’il n’y a plus de place » ! Bref on vide aussi vite le tapis rouge (véridique) que Mocky viderait une canette de Vedette (bière belge pour les lecteurs étrangers) sur la croisette ! (Yes, j’ai cassé le karma des rimes en arrhes.)
Ne sachant trop que faire, ne voulant pas me résoudre à quitter la capitale pour rejoindre ma province Ô combien principautaire et liégeoise telle une défaite communautaire, je me fends d’un coup de génie : « le Musée de l’Armée, ça te dit mon petit ? » Remisé du tac au tac avec quiddité : « génial, on y apprend quoi ? »
C’est vrai que lorsque l’on prévoit de se taper un musée le samedi alors qu’il fait bon vivre dehors dans les parcs, on s’attend à apprendre quelque chose. Le samedi, c’est culture : tu seras un homme mon fils, l’art comptant pour rien c’est pour les nains… Alors au musée de l’armée, le programme c’est l’apprentissage du « patriotisme ».
Bon, je dois bien avouer que cela fait quelques plombes que moi, les plombs je l’ai préféré dans les ailes du faisan. Cela dit, les beaux uniformes, les étendards attendant la pluie et le clairon balançant des notes du père qui est aux cieux, c’est quand même bon pour le moral. On se dit que nous aussi nous avons été un grand pays, que des guerres ont été gagnées, que nos aïeux ont payé un lourd tribut et tout le fifre habituel.
À y regarder de plus près, je coince un peu. Je vois des tenues de combat, d’apparat, et me dis quand même que le prestige n’a d’uniformité que les parallèles lettres d’or sur les monuments aux morts. Parce que, faut pas déconner, dans cette souffrance accrue, selon que vous soyez puissant ou misérable… comme disait l’autre, le prix du sang n’est pas le même.
Pas certain qu’aujourd’hui nous irions au feu si nous étions attaqués ! Je passe la main sur la tête de ma petite vipère blonde et me demande si la nation mériterait que lui et ses petits copains tranchent dans la boue, sculptent du crâne et devisent de l’intérêt de boire un coup avant de charger !
Personnellement, je ne risque plus grand-chose : j’ai fait mon temps, j’ai donné ce qu’il fallait à ma seconde patrie dont les musées sont encore plus triomphants sauf quand on y évoque Waterloo. L’avantage d’être bi…. national, c’est qu’on peut voyager à la vapeur d’un démineur belge et à la fois sous la voile du prestigieux Belem.
Au tournant d’une salle, toutefois, je me réconcilie avec la Belgique et la France de concert en voyant ce magnifique Fouga Magister fabriqué à Aire-sur-l’Adour mais à cocarde noir-jaune-rouge !
Pourtant cela ne suffit pas à raviver ma flamme patriotique, bien trop excédée par tant de malveillance politique, par tant d’écœurement citoyen. Gauche, droite, centre… rien à voir avec les bandelettes tricolores lorsque la seule couleur que l’on soutient est celle du « c’est le mien, c’est le mien, c’est le mien ».
Cela dit, mon coup de gueule étant passé, je vous conseille quand même la visite ce fabuleux musée qui n’a ravivé que ma flemme patriotique tout en suscitant une certaine nostalgie du « c’était mieux avant ».
Saint Val,